26ème congrès international de l’AFSSA | Langues, Littératures & Politiques Featured

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Dates : du 1e au 3 décembre 2021 

Lieu : WITS Club, Johannesburg, Afrique du Sud

Thèmes : Langues, Littératures & Politiques

 

Argumentaire :

 

La montée de mouvements nationalistes en Europe, l’augmentation des flux migratoires, la crise écologique et les inégalités sociales croissantes, sont parmi des préoccupations pressantes qu’on connait aujourd’hui. Elles se situent au centre des débats qui augurent une nouvelle ère dans les engagements politiques et les reconfigurations idéologiques. Ces positionnements invitent à une réflexion renouvelée sur les liens entre littératures, langues et politiques. Le présent colloque, qui se décline selon les axes « littératures » et « langues » conformes aux études francophones, tente de réfléchir aux nouvelles formes d’engagement dans le domaine des études littéraires, de la sociolinguistique, de la didactique et de la traduction. En études littéraires, une réflexion sur la notion de l’écrivain engagé et sa généalogie, conçu par Jean-Paul Sartre, pourrait être un point de départ fructueux pour mettre en valeur de nouveaux positionnements, formes de production littéraire et leurs potentialités politiques. La politique identitaire, qui s’articule autour des questions de classe, de genre, de race, de sexualité et de migration, réinvestit le projet littéraire pour raconter l’expérience de la marginalisation. À ce titre, on ne peut pas faire l’économie de l’émergence de l’écocritique en littérature, où l’introduction du concept de l’anthropocène évoque la transformation, irrémédiable, de la planète 
par l’homme. Cette nouvelle critique englobe également les rapports Nord-Sud dans une perspective postcoloniale.

Les rapports entre littérature et politique sont également inscrits sous le signe de l’esthétique, conçue selon Jacques Rancière comme « mode d’inscription dans un univers sensible » (Rancière, 2009 : 575). Ainsi, selon le philosophe français, « la politique de la littérature n’est pas la politique des écrivains. Elle ne concerne pas leurs engagements personnels dans les luttes politiques ou sociales de leurs temps. […] L’expression “politique de la littérature” implique que la littérature fait de la politique en tant que littérature » (Rancière, 2007:11). Partant de cette position, on peut se demander en quoi l’écriture opère des réaménagements politiques à partir des oeuvres. Autrement dit, comment les textes littéraires proposent des positions politiques inédites dans un contexte de globalisation ? Un autre aspect que mérite l’attention est les politiques de l’édition littéraire, et les processus de consécration des auteurs.

En ce qui concerne l’axe « langue », le plurilinguisme et le contact des langues sont devenus des enjeux politiques majeurs, dont la prise en compte est reflétée dans la politique linguistique, et de plus en plus, dans l’enseignement des langues étrangères. À ce titre, la mise en cause de l’idéologie du locuteur natif, porteuse d’une valeur éthnico-culturelle implicite, s’inscrit dans des questionnements linguistiques postcoloniaux du centre et de la périphérie (Valelia, 2013). On peut se demander quels critères sont garants de l’authenticité, de la légitimité et de l’autorité des locuteurs de français et comment ces positions se jouent dans le champ du FLE, où la dichotomie du locuteur natif/non natif a souvent une incidence sur les profils des professeurs comme sur leurs approches d’enseignement.

Sur le plan local, le mouvement de contestation étudiante Fees Must Fall inscrit l’académie dans un projet de « décolonisation », terme écran aux multiples articulations. Au sein de ce contexte politique urgent, on peut questionner les évolutions à l’oeuvre dans les études françaises et francophones au niveau épistémique et idéologique. Quels sont les nouveaux territoires disciplinaires dé/postcoloniaux ? En lien avec cette question, l’inscription de la discipline dans des espaces virtuels et ses potentialités au sein des humanités numériques sont des questions qui se posent avec acuité.

Bibliographie :

CANDELIER, Michel, CASTELLOTI, Véronique. « Didactique(s) du (des)

plurilinguisme(s) » in Sociolinguistique du contact. Dictionnaire des termes et concepts, Lyon, ENS Éditions, 2013. http://www.projetpluri-l.org/publis/Candelier%20&%20Castelotti%20-

%20Didactique(s)%20du%20(des)%20Plurilinguisme(s).pdf

HAMEL, Jean-François, « Qu’est-ce qu’une politique de la littérature ? Éléments pour

une histoire culturelle des théories de l’engagement ». In Politiques de la littérature. Une traversée du XXe siècle français, 2014. http://oic.uqam.ca/en/articles/quest-ce-quune-politique-de-la-litterature-elements-pour-une-histoire-culturelle-des.

RANCIÈRE, Jacques, Politique de la littérature, Paris, Éditions Galilée, 2007.

-. Et tant pis pour les gens fatigués ! Entretiens , Paris, Éditions Amsterdam, 2009, p.

575.

WALD LASOWSKI, Aliocha, Jacques Rancière « la révolution a d’abord été l’oeuvre

des écrivains ». Entretiens.

https://www.humanite.fr/jacques-ranciere-la-revolution-dabord-ete-loeuvre-des-ecrivains-520454

VALELIA, Muni Toke. « Le locuteur natif et son idéalisation : un demi-siècle de

critiques ». In: Histoire Épistémologie Langage, tome 35, fascicule 2, 2013. pp. 5-15.

www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2013_num_35_2_3454 

 

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